Cette phrase, prononcée par l’éminent historien britannique Arnold J. Toynbee, résume l’une des plus importantes conclusions tirée des douze volumes consacrés aux conditions de l’essor et de la chute des 26 civilisations qui ont fait l’histoire humaine et publiées entre 1934 et 1961. En d’autres termes, le paradigme qui a mené au succès hier sera celui là même qui mènera à l’échec demain … Pourquoi ? Qu’est ce qui fait la différence entre le succès et l’échec ? La différence réside dans l’inadéquation d’une réaction face à un nouveau défi qui requérait une réponse différente…
Cette conclusion peut très bien s’appliquer au monde de l’entreprise du 21ème siècle et plus particulièrement à ce que l’on appelle communément le « leadership ». Hier comme aujourd’hui, il existe deux façons de voir le leadership en entreprise.
D’un côté, nous observons les entreprises qui fonctionnent sur le vieux paradigme de « l’ouvrier industriel » (selon l’expression de Stephen Covey), c’est-à-dire les ressources humaines sont finalement « une chose » de laquelle il faut obtenir des résultats. Le management étant l’art d’obtenir des résultats par d’autres que soi, il suffirait donc d’agir sur le comportement et l’attitude des individus et des équipes. Pour motiver, il faudrait suffirait de recourir à un système contrôlant – récompenser lorsque l’attitude est bonne et sanctionner lorsqu’elle ne l’est pas… Or ce paradigme ne peut amener qu’à la frustration et à la médiocrité.
De l’autre côté, les entreprises qui sont déjà passées à un nouveau paradigme, celui de « l’ouvrier de l’information », que j’appellerais « le salarié pilote responsable ». Basé à l’inverse sur la prise en compte de « l’individu total » avec un mental, un cœur, un corps et un esprit ayant besoin d’être nourris à parité, si l’on vise à l’excellence de ses équipes et ce quel que soit l’état de la route … Avec ce paradigme, le professionnel est reconnu et écouté dans l’ensemble de ses besoins :
- son envie d’apprendre et de croître,
- son besoin de sens et de pouvoir contribuer,
- son besoin de survivre et de vivre,
- et enfin le besoin de se sentir digne et reconnu dans son identité profonde.
Pour passer d’un modèle de leadership à un autre, il s’agit de changer de paradigme, du grec « paradeigma », c’est-à-dire de cadre de référence ou de lunette à travers lesquels vous percevez le monde. C’est ce que l’école du Mental Research Institute de Palo Alto et plus particulièrement Paul Watzlawick a appelé un changement de type 2 ; ce ne sont plus les habitudes ou les comportements que nous cherchons à modifier mais notre état d’esprit lui-même.
L’ère nouvelle dans laquelle nous sommes tous embarqués appelle l’excellence et pour l’atteindre, il s’agit de se placer sur un autre plan, un autre niveau, d’adopter un nouvel état d’esprit, une nouvelle façon de penser et de voir les choses… Mais également d’avoir la certitude de disposer de la « bonne » carte routière ou du bon « GPS intérieur »® afin de vérifier que nous sommes sur la bonne route !
Souhaitez-vous des salariés du type « salariés industriels » qui marchent « à la carotte et au bâton » ou êtes-vous prêt à passer les commandes à des « salariés pilotes » co-responsables, qui osent se montrer innovants à vos yeux ? Etes-vous prêt à vous transformer vous-même, à regarder en facequels sont vos forces et vos talents et à quoi peuvent-ils servir dans « un monde inédit et en construction » ?
Isabelle Bouvier-Chappaz
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